C’était la première journée chaude de l’été, au Lac-Saint-Jean. Notre équipe s’est rendue sur une petite plage choisie pour sa tranquillité et pour la beauté du paysage. Pour sa photo, Émilie s’est laissée inspirer par cet amour profond qu’elle ressent pour sa région et par les aspects médicaux de l’achondroplasie. Une fois sur place, sa personnalité affirmée et son charisme ont véritablement percé la caméra. Dans sa robe retouchée, elle a dévoilé les déviations de sa colonne vertébrale, les traces sur son corps laissées par les quatre opérations qui lui permettent de continuer à marcher, ainsi que des bosses et des cicatrices.
Fière de représenter les personnes de petite taille, Émilie est actuellement la présidente de l’AQPPT, en plus de participer à la série documentaire Ma petite vie et d’être une femme accomplie aux multiples projets. Sa maîtrise en orientation l’amène à œuvrer dans le domaine de la réinsertion professionnelle. Elle doit son succès et cet équilibre qu’elle a su établir dans sa vie à sa détermination, à sa résilience et à un milieu familial qui a su l’encourager tout au long du chemin. Elle considère que presque tout est atteignable, que ce n’est que la façon d’y arriver qui varie. Voilà pourquoi elle ne voudrait pas changer de corps; c’est sa richesse et sa force.
Émilie a subi une quatrième intervention au dos cette année. Cette fois-ci, elle craignait de perdre certains acquis et de voir son autonomie au quotidien en être affectée. Elle espérait que les effets d’une potentielle perte de sensibilité physique ne se répercuteraient pas sur sa vie de couple. Sa participation au projet est le résultat de processus d’acceptation et de réadaptation, d’un désir de se sentir belle et féminine, et de se réconcilier avec les épreuves auxquelles est soumis son dos. En effet, le besoin d’entretenir une relation saine et épanouie à son corps est le même pour les personnes de petite taille que pour n’importe qui. Comme quoi différence physique et sensualité sont loin d’être inconciliables.